Avec Les Cantates de l’Éther de Maurice-G. Du Berger, Francis Colpron a la chance de participer à une création… en musique ancienne! Le projet peut sembler surprenant, mais est pourtant moins rare qu’on pourrait le croire. Produit par Montréal Baroque, le concert est présenté à cinq occasions au courant de la saison avec l’appui du Conseil des arts de Montréal en tournée.

Les Boréades de Montréal ont rencontré Maurice-G. Du Berger pour lui parler de son projet de composition.

 

[vc_separator type=’normal’ position=’center’ color= » thickness=’2′ up= » down= »]

 

Maurice-G. Du Berger
Photo Evelyne Demers

BM – Votre maîtrise en composition a porté sur les musiques folkloriques des Carpates et des Balkans. Comment en êtes-vous arrivés à vous intéresser à la musique ancienne?

MB – La réponse est plutôt simple et candide. Lors de mon premier été à Montréal, j’ai tenté de trouver du travail dans les festivals de musique. Le Festival Montréal Baroque n’offrait que la possibilité de faire du bénévolat, mais comme il n’entrait pas en conflit avec d’autres emplois rémunérés, j’ai décidé d’y aller tout de même. À l’époque, la musique baroque signifiait simplement pour moi « musique écrite entre 1600 et 1750 ». La pratique « historique », je ne connaissais pas ça. J’étais loin de me douter de ce que j’allais découvrir. Je suis en premier lieu tombé amoureux des gens gravitant autour du festival, puis, graduellement, de la musique ancienne, mais surtout, avec cet esprit de « re-création ». C’est cela, je crois, qui m’a définitivement accroché à la musique ancienne. J’aime, à ce sujet, citer le regretté Christopher Jackson qui résume bien ce qui m’attire dans cette musique : « On a affaire à une musique d’une autre époque, d’une autre civilisation en fait ». Je ne l’ai réalisé que 10 ans plus tard!

BM – Justement, les Cantates de l’Éther ont été composées pour une formation de musique ancienne en 2011. Puis, en 2015, vous avez reçu une commande du Festival Montréal Baroque pour un cycle de poèmes. Parlez-nous de la genèse de ces deux œuvres.

MB – La Cantate de l’Éther était en premier lieu destinée à un quintette à vent et un comédien, mais le projet trainait. Les hasards de la vie ont fait en sorte qu’en septembre 2010, j’ai été jumelé à l’atelier de musique baroque de l’Université de Montréal, sous la direction de Margaret Little, et c’est là que l’œuvre a véritablement commencé à prendre forme. L’œuvre de 2015, les Dialetti di Casacalenda, n’est pas une commande. C’est en fait un projet que j’ai proposé à Montréal Baroque. Je souhaitais depuis un moment déjà écrire plus de musique pour la formation insolite que j’avais réunie pour la cantate (soprano, traverso et viole de gambe). Je trouvais le thème du festival (Éther et Terre) très à propos! J’ai donc proposé à Montréal Baroque d’écrire un cycle pour la même formation.

BM – La Cantate de l’Éther est basée sur un texte de Claude Gauvreau. Quelle affinité avez-vous développée avec ce texte?

MB – Je suis tombé en amour avec l’œuvre de Gauvreau au CEGEP. Les Oranges sont vertes faisait partie des lectures obligatoires. J’ai été renversé. Le côté cartésien en moins n’y comprenait rien et pourtant, au-delà du non-sens des structures grammaticales, cette œuvre me communiquait une trame narrative claire et puissante. Le poème que j’ai choisi pour La Cantate de l’Éther « PRIMEMAYA » va dans la même direction, quoiqu’il soit un peu plus limpide. N’empêche, des vers tels que « Sourire de duse » ou « plan de flanelle » n’ont pas de significations nettes au premier abord. La lecture au premier degré est automatiquement évacuée. D’une certaine manière ça nourrit beaucoup l’esprit.

BM – Pour le Cycle Dialetto di Casacalenda vous avez travaillé avec la poétesse Tina Biello. Parlez-nous de cette collaboration.

MB – Cette collaboration a commencé lors de stage sur l’écriture de pièces pour voix et piano à Vancouver (ArtSongLab). Un poète était jumelé à deux compositeurs et c’est ainsi que je l’ai rencontré. Nous avons bien travaillé ensemble et j’ai alors composé « Eri qui? ». Lorsque l’idée du projet de Montréal Baroque a pris forme, j’ai toute de suite pensé à Tina car je savais que ses poèmes se prêteraient bien à la thématique du festival.

BM – Le programme est complété par Quatre des Neun deutsche Arien de Handel sur des poèmes de Barthold Heinrich Brockes. Pourquoi ce choix?

MB – Parfois, il faut être pragmatique dans la vie. Il fallait compléter le programme afin d’avoir un concert du longueur satisfaisante. Considérant que nous étions tout de même dans un festival de musique baroque, j’ai demandé aux musiciens s’ils avaient des suggestions. Je souhaitais par ailleurs inclure des œuvres baroques entre autres pour créer un contraste de style. Ce cycle de Handel, fort beau d’ailleurs, nous est apparu tout à fait à propos.

BM – En tant que compositeur, comment a été votre expérience de travail avec quatre interprètes spécialisés en musique ancienne?

Francis Colpron

Francis Colpron

MB – Pour être honnête, je n’arrive pas encore à mettre de mots là-dessus, et c’est probablement parce que je n’ai pas encore touché à l’essence de ce qui m’attire dans ce monde. D’abord, il faut dire qu’ils ont envers les compositeurs une ouverture exceptionnelle. La musique ancienne ne constitue pas un monde clos en dehors duquel ils ne s’aventurent pas! Ils ont par ailleurs une vision de la musique qui est tout autre que celle qu’un jeune compositeur, enfin moi, peut avoir. C’est donc extrêmement enrichissant de pouvoir être intellectuellement nourri de la sorte.

BM – Un amalgame de musique nouvelle et de musique ancienne… Qu’est-ce que cela dit sur la scène musicale contemporaine et la scène musicale ancienne à Montréal?

MB – La musique ancienne et la musique moderne ont, et je ne suis pas le seul à le croire, beaucoup en commun. Et ils ne se mêlent pas assez à mon goût! L’effet des « cliques »? C’est peut-être aussi à cause du public qu’on ne souhaiterait pas effaroucher, de part et d’autre, fallut-il le préciser. Pourtant, il s’en est fait des projets « mixtes » qui ont été très bien reçus par le public et la critique. La scène culturelle montréalaise et bien vivante dans tous les domaines et il m’apparait normal (et bienvenu) que différentes esthétiques se rencontrent. La mode est au multidisciplinaire et au multiculturalisme en ce moment. Faudrait-il inventer le terme « multi-esthétique » ?

 

[vc_separator type=’normal’ position=’center’ color= » thickness=’2′ up= » down= »]

 

Découvrir l’oeuvre

 

En tournée avec le Conseil des arts de Montréal

6 novembre 2016, 11 h, Maison de la culture de Dorval
8 décembre  2016, 19 h 30, Chapelle historique du Bon-Pasteur
5 mars 2017, 14 h, Maison de la culture Marie-Uguay
16 mars 2017, 19 h 30, Maison de la culture Ahuntsic-Cartierville
19 mars 2017, 15 h, Maison de la culture du Plateau-Mont-Royal

 

Liens

mduberger.com/les-cantates-de-lether
www.montrealbaroque.com
www.artsmontreal.org

 

[vc_separator type=’normal’ position=’center’ color= » thickness=’2′ up= » down= »]